Explorations cartographiques et pistes pour continuer :)

Ce matin du 13 mars c'est la Maison des Jeunes des Ras Jebel qui accueille les ateliers Carto,



Les participants sont principalement des jeunes membres de CCDE et de la Maison des jeunes
La session matinale commence à 9h45 avec : 
Programme des 3 demi journées :

Le 13 mars Matin
Le 13 mars Après-Midi
Le 14 mars Matin
 Atelier pratique : utiliser les outils disponibles sur le site internet de Carto Citoyenne kcit.org


Atelier 1 - Plans et Calques

L’atelier du 13 Matin "Plan et Calques" est dédié à la mise en évidence des enjeux du territoire de Ras Jebel tels qu'ils sont perçus par le groupe, en utilisant des outils de cartographie physique (cartographie des objets).

Pour cela :


Ces travaux seront ensuite reportés sur une carte en ligne en utilisant l’outil libre Umap d'openStreetMap (Voir l'exemple ci-dessous réalisé à partir des travaux du groupe).

Déroulé de l'Atelier
Dans un premier temps, les participants prennent pocession de la carte en pointant quelques équipements ( CCDE, Mairie, Maison des jeunes où l'on se trouvait, rivière, ...). La carte était en effet très incomplète, les batîments n'étant pas encore tracés dans openstreetmap, ni d'ailleurs dans googlemap.


Carte de Ras Jebel dessinée sur des calques
Pour y voir plus clair sur les contours réels de la ville et son urbanisation, on a vidéo-projeté une vue d'ensemble par photo-satellite.

Puis le travail du groupe s'est rapidement centré sur l'organisation et les mutations de la ville de Ras Jebel.

En effet, au cours des dernières années, alors qu'elle était dans le passé une ville d'émigration vers l'Europe, elle est aujourd'hui une ville d'immigration interne à la Tunisie en raison du fort développement de l'industrie textile et de la sous-traitance qui l'accompagne. La création d'emploi dans ce secteur produit un appel de main d’œuvre qui se traduit par l'installation de nouveaux habitants et l'extension progressive de la Ville. De nombreux ménages viennent ainsi des zones rurales aux alentours de Bizerte comme Sejnane, mais aussi de beaucoup plus loin.



Les participants ont ainsi signalé :

les zones des nouvelles constructions apparues au cours des dernières années.

Celles-ci sont naturellement en périphérie de la ville, parfois hors de tout plan d'aménagement. 

Cette dynamique d'urbanisation atteint les abords de la forêt et se déploie aussi sur la côte.

Résumé des discussions suscitées par le tracé collectif de ces zones d'urbanisation  : 

L'extension de l'urbanisation s'opère le plus souvent par le biais de la vente de terrain agricoles à proximité de la ville.

Les propriétaires qui cèdent ces terrains sont en général membres d'anciennes familles de Ras Jebel, agriculteurs ou descendants d'agriculteurs. 

Cependant si leur position leur apporte une sécurité économique plus importante que les nouveaux arrivants, cette sécurité n'est souvent pas suffisante pour assurer le déplacement et le logement des jeunes générations dans les grandes villes où elles ont plus de chance de trouver un travail en rapport avec leurs formations.



Il semble en effet que les jeunes de milieux anciennement établis soient plus souvent diplômés du supérieur, et ne trouvent pas d'emplois correspondant à leur formation dans les entreprises locales : les jeunes femmes en particulier, les jeunes hommes diplômés issus de ces milieux se repliant quand à eux sur des activités traditionnelles. 

Si les projets de création de nouvelles activités ne manquent pas, les participants soulignent que les moyens d'appui financier à la création d'activité économique par le jeunes sont rares ou inexistants.


Cependant, le rythme de l'accroissement de la population semble plus rapide que le temps nécessaire à l'établissement de relations entre les milieux établis et les milieux nouvellement installés. C'est vrai aussi pour les jeunes. Il en résulte, pour le groupe, majoritairement issu de fanilles anciennement établies, une incertitude quand au profil de formation des jeunes issus des ménages installés plus récemment.

Les zones d'implantation des entreprises, principalement du textile.

Il n’y a pas une "zone industrielle" au sens administratif du terme. C’est plus éparpillé. En plus des grandes entreprises, on trouve aussi beaucoup d' ateliers de sous-traitance, appartenant au secteur de l’industrie textile pour la plupart.

Le Chapelet des villages alentours et les zones agricoles

Raz Jebel est insérée dans un alignement de petites villes et villages (Metline, Rafraf, Sounine, Bonatar, Cap Zbib, entre autres), ancrées dans un territoire agricole où l'on trouve aussi bien du maraîchage, des agrumes, fruits, olives, céréales ou pommes de terre. L'activité agricole rythme la vie de Ras Jebel par ses marchés très animés et en même temps très esthétiques.
(Utilisez le bouton zoom " -" pour avoir une vue d'ensemble)


[Pause café]

Atelier 2 : Explorer avec des cartes statistiques

L'objectif de l'atelier était de proposer une initiation à l'usage de la cartographie statistique, et de faire découvrir les outils carto du projet en profitant de ce moment pour discuter aussi des données statistiques elles-mêmes (ce que c'est qui les fabrique, dans quel cadre ou mission? ,...) en abordant aussi les questions éthiques qui se posent dans leur usage.

Après avoir exploré quelques cartes pour découvrir le fonctionnement de l'outil et ses possibliblité, et comment lire les cartes, on a pris quelques exemples pour discuter de ce qu'est une donnée, un indicateur, etc...

Puis nous avons exploré un raisonnement cartographique en repartant des données qui ont servi à réaliser l'article sur le travail informel en ligne sur le site (voir aussi l'article de Tahar Chergouche dans le n°1 du Journal de Carto Citoyenne). 



Points clés abordés dans l'introduction de l'atelier Carto Statistiques :

  1. Comment passer des données aux indicateurs
    Le passage d'une donnée à un indicateur est une opération de traduction d'un questionnement en indicateur numérique. Par exemple si l'on s’intéresse aux effets de l'émigration sur les relations homme-femme, et si on dispose des données "nombre d'hommes" et "nombre de femmes" on peut créer l'indicateur "écart entre le nombre de femmes et le nombre d'hommes". Dans certains gouvernorats du sud, pour la tranche d'âge 20-29 cet écart peut attendre 27% c'est à dire qu'il y manque en moyenne 27 hommes pour 100 femmes. Cela indique qu'il se passe bien quelque chose qui change l'équilibre Homme Femme, on peu faire l'hypothèse que cela a un lien avec l'émigration des hommes, mais cela ne le prouve pas. cela ne fait que confirmer l'intérêt de fouiller cette hypothèse.

    Cependant ce résultat peut aussi être utilisé comme indicateur pour d'autres questionnement; par exemple, le besoin de services pour les femmes célibataires ou dont le mari vit à l'étranger.

    Autrement dit, un indicateur prend sa valeur indicative au regard d'un questionnement.

    .
  2. Idéalement, il faudrait que le données soient accompagnées de métadonnées (sources, définitions, concepts, comment sont farbriquées les données, dates), afin de mieux comprendre ce qu'elles décrivent.
    Ex : l’emploi et le chômage sont comptés différemment dans l’"enquête emploi" et dans le "recensement". On ne peut pas les confondre, c'est à dire qu'on ne peut pas prendre l'un pour l'autre dans des calculs, et on ne peut les interpréter correctement que si l'on connaît la manière dont ils ont été fabriqués; c'est à dire si l'on connaît les métadonnées
     
  3. Où, quand, comment et qui produit de la donnée publique ?
    La donnée, c’est toute une industrie ! Par exemple, le recensement est une enquête déclarative qui mobilise les grands moyens, mais une autre source de données est l’état civil, à la mairie (administratif) ; il existe aussi d’autres enquêtes, les bureaux d’emploi ont leurs chiffres, etc.
    En général, il n’y a production de statistiques publiques que dans deux cas de figures :
    1. dans le cadre d’un droit ou d’un service rendu au public. La connaissance des droits et des services nous permet d'identifier les sources de données publiques.

      Sur la santé des tunisiens, par exemple : qui a les données ? On peut aller voir les sources suivantes : CNAM, services de médecine, Ministère de la santé...

    2. dans le cadre d'enquêtes publiques où les données sont déclaratives, comme le recensement ou l'enquête emploi par exemple
  4. Le projet Carto citoyenne milite pour un accès ouvert au public pour des statistiques publiques de qualité :
    • désagrégées (par exemple les âges détaillés, les secteurs d'activité détaillés, les professions des travailleurs...)
    • et localisées de manière la plus fine possible,
    en veillant cependant à ce que cela ne s’oppose pas à la protection de la vie privée et aux libertés publiques; c'est à dire afin qu’on ne puisse pas identifier les gens ni stigmatiser des populations.

  5. Ainsi, Il y a quelques principes de base , généralement appliqués jusqu'ici en Tunisie dans la publication de données publiques, que nous respectons et que nous défendons fermement :
    • On ne travaille pas sur des échantillons ou des territoires de moins de 2000 personnes environ lorsque les données contiennent des informations sur les profils personnels des individus (par exemple la démographie ne pose pas de problèmes, mais croiser le projet professionnel avec l'âge, le sexe et une information de santé peut être préjudiciable parce qu'on peut facilement stigmatiser des personnes lorsque la population est réduite sur un territoire)
    • Le principe de séparation des droits qui implique le principe d’étanchéité des sources de données : sauf procédures spéciales (recherche scientifique avec des procédures très codifiées) ou sauf procédures sous couvert de la justice, on ne se donne pas le droit de fusionner les fichiers (par exemple fichier de chômage et fichier formation ou de santé).
    • Sinon c’est big brother!.

    Au delà des procédures autorisées et des principes, il faut conserver une vigilance éthique. Ce n'est pas parce qu'on peut le faire techniquement qu'on peut se donner le droit de le pratiquer


Supports carto utilisés pour l'atelier 2

Sélection d'indicateurs pour l'atelier
sur différents thèmes
Exemple de scénario :
déscolarisation
Partir de la question de l'eau pour interroger l'inégalité des territoires
(Réalisé par Sonia au cours de l'atelier 5)



[Pause déjeuner - rendez vous l'Après-midi]


Atelier 3 : Enjeux de Ras Jbel : 
Quelles données collecter et cartographier ?
Pour quels projets d'actions concrètes? 

Au retour le la pause de midi, on tente de se placer dans une démarche de projet : 
Quelles seraient les choses intéressantes  à cartographier dans la région ?
  1. On fait d'abord un premier inventaire
  2. Puis pour avancer, on se propose d'identifier les problèmes qui nous préoccupent sur le territoire, mais aussi les ressources à valoriser.

1 - Premier inventaire

Inventaire : 
en vert : résoudre les problèmes
en bleu : carto et valorisation
Démographie et habitat
 

Emploi


Parmi les ressources de Ras Jbel :

Les ressources naturelles
 
Les savoirs faire locaux


Les défis environnementaux sont nombreux dans la région avec un impact sur la santé . 

Inventaire :
en vert : résoudre les problèmes
en bleu : carto et valorisation
Des rejets dans la mer, dans l’air...
Les boues d’évacuation, « boues bleues » , sont enfouies dans des terres agricoles et les métaux lourds s’infiltrent dans le sol et polluent les eaux. L’association de l’environnement et du développement durable de Ras Jbel (qui fait partie de l’alliance APER), a fait des analyses. Elle a envoyé les rapports d’analyse aux organismes étatiques concernés, sans résultats…  

Des défis en matière d'insertion et de développement du territoire : 

Il n’y a pas assez d’offres d’emploi, surtout pour les diplômés : il faut aller à Tunis : les employeurs préfèrent les bac+3 que les bac+5, le territoire est spécialisé dans le textile. le  chômage semblent toucher plus les jeunes issus des familles des anciens habitants de la ville , souvent plus diplômés : les nouveaux arrivant occupent les postes dans l’industrie textile que les diplômés ne prennent pas parce qu'ils n’acceptent pas d’être payés 200 ou 300DT…
Mais en même temps, on a une grande méconnaissance des compétences et des qualifications réelles de l'ensemble des jeunes chômeurs. 
Il y a beaucoup d’obstacles de financement rencontrés par les jeunes entrepreneurs. La banque BTS ne veut pas prendre en charge les projets agricoles. En outre, il n’y a pas de loi sur les nouvelles idées pour les jeunes promoteurs.
[Pause café]

Atelier 4 : Quelles pistes de travail pour la suite ?

I - Un chantier important à entreprendre  pour maîtriser le rapprochement Offre et la Demande d'emploi


Inventaire :
en vert : résoudre les problèmes
en bleu : carto et valorisation
Recenser les entreprises

Recenser les emplois réels et compétences attendues, et construire une meilleure réactivité à l'offre d'emploi.
Ce qui est important c'est aussi d'avoir une idée précise et actualisée du contenu des emplois réels et aussi d'avoir un dispositif efficace pour connaître les offres en temps réel.
CCDE pourrait organiser une enquête auprès des chômeurs de Ras Jbel. Une enquête aussi exhaustive que possible, avec deux objectifs :

  1. mieux connaître le profil de demandeurs d'emploi:
  2. mettre leurs qualification en lien avec les compétences attendues dans les emplois réels des entreprises de Ras Jbel ( Cf ci-dessus)

Cette enquête devrait aussi permettre de cartographier l'impact du chômage dans la ville, selon les quartiers et de répondre en partie aux questions posées ci-dessus sur la dynamique socio-démographique de l'urbanisation , en introduisant pour cela des questions complémentaires dans les questionnaires.

Déboucher vers des actions et des services concrets.

Le recensement des entreprises et des emplois d'un coté, et l'enquête sur le profil des chômeurs devrait permettre de déboucher sur des projets très opérationnels : 


II - Pistes de chantier / ressources Naturelles


III - Pistes de chantier / Artisanat


IV- Pistes de chantier / Défis environnementaux
[Fin de la première journée - rendez-vous le 14 mars Matin]

Atelier 5 : Utiliser les outils Carto :

1 - Elaborer un scénario Carto

Rendez-vous sur le module scenario et lisez les tutoriels (lien vers les "tutos" en milieu de page)
Cliquez sur l'image